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INTERMEDE BLANC: 6 - Arêches village de montagne.



Arêches c’est le village, Le Planay la station et Beaufort le bourg. Tous ces noms sentent le terroir, celui que j’ai plaisir à découvrir après deux jours de lourdes chutes de neige. 
Ces deux jours ont tout a changé, la montagne a mis son manteau blanc. Le soleil revenu, c’est le weekend, les parkings sont pleins. L’ambiance plus joyeuse aussi. Plus de 50 cm au pied des pistes, un régal pour les yeux. Tout est transformé. De mon balcon tout est différent, la couche hermine recouvre tout. Une fois de plus les chasse-neiges sillonnent les routes. Entre sablage, salage et raclage chacun répare la circulation. Chez soi aussi, ça glisse partout. Pas facile pour les équipes routières de la vallée de faciliter l’accès. Une gageure pour la municipalité et les services de la voirie. Un enjeu pour l’avenir, la voie d’accès est étroite, la maintenir ouverte est une attention de tous les instants. De Beaufort la voie est étroite et le plus souvent à l’ombre…

J’ai vu que Madame le Maire avait des projets en cours pour aménager et développer Arêches et ses activités. La patrie de Frison Roche au destin extraordinaire à de l’avenir si elle ne perd pas son âme. A peine arrivé au chalet j’avais compris que le village et ses environs avait une activité toute l’année. La montée en arrivant d’Albertville m’a montré que je pourrais revenir pour pêcher la truite dans le Doron ou le Mirantin. En plongeant sur une carte des environs, il doit bien y avoir des truites ou des ombles dans les lacs plus haut perchés.


Passer à Beaufort, c’est changer de sujet laisser la montagne et parler gastronomie. Le Fromage de Beaufort a atteint tous les marchés des gourmets pour concurrencer les autres productions des vaches de France ou de Suisse. C’est un atout marketing indiscutable mais j’ai aussi eu plaisir à découvrir dans ma quinzaine de calme, les productions de brebis et de chèvre toutes proches.








Des biquettes sont à l’abri dans les étables dans la montée vers Le Planay, à La Thuile. Vous ne pouvez pas les manquer la boutique vous attend en montant et en descendant les pancartes ne peuvent qu’attirer votre attention. Cela illustre l’authenticité de ces vallées.




Plus discrètes sont les traces laissées dans la neige pour montrer combien les habitants de la vallée aiment leur village et la vie qui leur est offerte ici. Pratiquement à chaque chalet ce samedi matin, alors que je descends du Planay vers Arêches, les traces de ski partent vers les sommets. J’intuite que les paysans et les habitants sont des montagnards qui aiment le sport. 







Peut-être que ce n’est pas un hasard si la Course de la Pierra Menta est née ici. Rabelais avec sa faconde a magnifié le roc mais les sportifs du cru ont su organiser une épreuve de ski-alpinisme d’hiver prisée des grimpeurs de tous les pays. Sa petite sœur d’été, la Frison Roche qui monte de niveau d’exigence petit à petit est venue compléter ce fleuron touristique…Je note que l’organisation est entièrement menée par les savoyards de la vallée. Pas neutre pour garder un esprit de terroir. Bien sûr il faut s’ouvrir pour l’avenir mais ce dont je parle c’est déjà beaucoup d’atouts. Pas besoin de perdre son âme pour faire plus moderne. Je ne suis pas venu au hasard, j’ai dit que je voulais du calme et c’est au Planay que l’on m’a envoyé. Je viens à peine de quitter la vallée que j’ai déjà prévu de revenir…plus tôt et peut-être pour plus longtemps. 








Un autre atout qui m’a marqué outre la beauté du site du Mont Blanc, que ce soit du col des Combettes ou du col de la Forclaz, c’est la beauté intacte du lieu. La forêt côtoie harmonieusement le village, les pistes, les chalets et les granges. Sûrement dû à l’altitude mais aussi sagesse des bâtisseurs. Au sommet de la Forclaz on pourrait imaginer monter un peu plus haut, vers 2600m. Pour les amateurs de vrai ski, ce serait s’assurer un peu plus de neige, un peu plus tôt et longtemps dans la saison. Un aspect économique non négligeable quand on parle d’investissement.

J’ai adoré les pistes en forêt, le Pas des Vaches et la Super Noire dès qu’elles ont été ouvertes. A l’ombre il y fait un peu frais mais la neige y est dure et stable. Pas si facile pour la piste du Grand Mont ou celle des Perches qui sont rapidement attaquées par le soleil. Je verrai bien une station intermédiaire qui viendrait du sommet du Piapolay pour faire une liaison retour vers Cuvy. 






Les Perches méritent un détour. Joindre les deux stations de ski paraît s’inscrire dans le futur, mais il faut que le projet s’affirme dans le contexte écologique de la région. Elle a été préservée pour grandir, ne rien défigurer mériterait attention. On remarque que les télésièges actuels sont assez discrets. La forêt et les habitations ont été protégées, il faudrait que cela continue. Que des câbles ne passent pas au-dessus des maisons, qu’il faudrait protéger des chutes éventuelles. Défigurer un paysage a déjà soulevé un tollé de protestations, les cas sont multiples dans notre pays. Personne n’apprécie de voir se construire dans son jardin ou à sa vue, une ligne de haute tension ou une éolienne… Un télésiège ou télécabine est un peu tout cela. 
Pourtant, je crois que cette jonction à un avenir économique. Cela soulagerait les navettes du ski bus, pas si facile que cela à entretenir et faire vivre. Le nombre de fois où pendant la quinzaine je l’ai vu monter ou descendre à vide est significatif. 











La station est manifestement sensible à la culture et à la cohérence de son patrimoine. Les petits commerces sont en place pour les courses de complément ; une association de tous pourrait créer au Planay une annexe commune pour y avoir les journaux, le pain, les pâtisseries et les produits de première nécessité pour les vacanciers du bas des pistes. Je n’ai pas les éléments nécessaires pour juger de la situation tout au long de l’année. J’aime marcher et j’ai fait la route à pied mais mes amis n’ont pas voulu faire comme moi… J’en ai profité pour découvrir le village. 


La conservation du patrimoine est aussi une belle initiative, les constructions nouvelles dans les zones commerciales restent dans le style du pays. Les architectes ont respecté le site dans son ensemble. Le télésiège du Grand Mont est tout aussi discret dans le village que le sont les nouvelles constructions posées face au soleil.


Les bâtisseurs des Alpes sont restés attentifs à leur nature après quelques erreurs où le béton domine. C’est quelque chose que j’avais repéré déjà au moment du fort développement de la Vallée d’Arve. Les usines s’agrandissaient, mais les nouveaux bâtiments modernes ne juraient pas dans le paysage. Le village d’Arêches n’est pas d’accès facile et sans doute conserve-t-il son caractère authentique de cette particularité. Une qualité de vie certaine, je l’ai vécue de cette manière. Parmi les grands changements de ce monde, on oublie trop souvent de conserver la qualité de vie au profit d’intérêts mercantiles, c’est dommage. Arêches et sa région semblent avoir évité cela. Aux gens d’ici de garder leur avenir en mains…


Je reviendrai en été avec mon VTT et ma canne à pêche, non pour descendre de nouveau les pistes de ski, mais pour passer dans les vallées creusées entre les montagnes et revoir de Plan Villard comment le panorama a changé. Je viendrai randonner à pied, pêcher dans les lacs, traquer dans les torrents la truite. L’hiver de l’an prochain je reviendrai aussi mais pour faire ce que j’ai tant aimé plus jeune dans mes Pyrénées, partir vers les sommets avec les skis de randonnée. Explorer un peu plus cette nature encore sauvage et savoir un peu plus qui je suis sous l’effort que réclame l’exercice.
Le succès de Arêches-Beaufort et de ses vallées est l’authenticité de son site et de ses habitants. C’est une qualité qui se perd un peu partout dans le monde d’aujourd’hui, une valeur qui fait sens, tout l’avenir de ce coin de France si particulier est de grandir en conservant son caractère. 



Michel Prieu









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