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DAKHLA 4 : Dakhla aujoud'hui

DAKHLA AUJOURD’HUI

Dakhla pour moi est un vrai bout du monde. Une langue de terre étroite qui résiste à l’Océan dont les vagues incessantes tente jour après jour de rejoindre la lagune. Une langue de terre qui semble un fil fragile au confins du Maroc, le long de la côte Ouest de l’Afrique. Sur une carte du monde, c’est incongru cet appendice. Un isthme ridicule.

Sur la côte ouest, le ressac a déshabillé les rochers qui luttent jour après jour pour tenir territoire de sable et de coquillages fossiles qui vit derrière eux. Impossible de savoir combien de temps durera la bataille. L’océan s’active et les pics acérés des rochers sont luisants sous l’effort, tellement que pas un coquillage ne peut se fixer sur leur dos.

Cette lutte se retrouve en ville. En quatre ans elle a grandi de toute part. Je ne la reconnais plus. La zone industrielle a grandi mais reste toujours aussi mal organisée, à la limite de l’insalubrité. 














Le marché central n'est lui non plus pas reluisant. Il n’est pas très propre et en cette veille de fête du Mouloud, juste au moment de la prière, il grouille de monde. Il y a peu de poissons comme si les pêcheurs avaient anticipé la fête et limité l’approvisionnement. Je suis surpris de la qualité moindre des légumes et des fruits en cette fin de semaine par rapport à ceux du souk Al Had d’Agadir. Pas facile de choisir avec la nuit tombante et le peu de lumière. Mieux vaut faire les courses de jour, le soleil aide au choix…

Je me trouve un peu triste. Lors de mon dernier passage, les vendeurs de trottoir vendaient des bibelots de Mauritanie ou même du Sénégal mais là plus rien. Juste des étalages de fringues venant sans doute de Chine à des prix et qualité dérisoires.

Dans la ville le rythme de vie est très particulier, une sorte de chaos amusant quoique dangereux. Difficile de conduire sans être sur les dents. Les gens sont à pied mais ne s’occupent pas de savoir s’ils gênent les voitures et les camions. Les trottoirs servent d’étalage pour les vendeurs ambulants.




La ville a aussi maintenant son marché des artisans. Des hôtels nouveaux se sont créés mais j’ai trouvé que mon dernier pied à terre, le Bab el Tahar, est un peu décrépi. Quelques restaurants servent de la cuisine internationale mais à des prix prohibitifs, comme partout au Maroc. Les Européens ont fait grimper les prix anormalement ; pour bien vivre dans chaque ville, il faut connaître. 















La découverte de Rio Oro est de ce point de vue une bonne adresse. C’est un vrai plaisir de faire ces recherches et de découvrir ces petits estaminets à la cuisine épicée et savoureuse.


Photo internet
La ville s’étend maintenant sur une large surface entre l’aéroport et la base marine. Une garnison importante est ici, le règlement politique du Sahara n’est pas encore résolu.


La route vers la Mauritanie n’est pas sûre. Les militaires veillent toujours pour la sécurité. 



Je me souviens qu’en allant vers El Argoub en voiture particulière j’avais été arrêté plusieurs endroits et que les conseils de prudence nous étaient prodigués à chaque fois.

Avec notre guide c’est plus facile, il est connu. Mais attention ici encore l’électronique fait son travail, la Gendarmerie Royale fait son office et le carnet de contraventions fonctionne. 
J’ai déambulé dans la ville dans tous les sens pour m’imprégner de cette terre sahraouie si particulière. J’y aime les couleurs et les senteurs, le vent permanent et le soleil qui mord tout au long de l’année. Il reste des vestiges du passé de Villa Cessinos visitée par les Espagnols en 1552.
L’avenir se dessine partout. Les conserveries sont alimentées par les bateaux qui viennent d’Agadir pour livrer leur pêche. Les « suceuses » de la conserverie aspirent le poisson dans les cales directement. Le siècle vient changer les choses petit à petit mais cette activité grandit. 





Je ne sais si le tourisme viendra apporter de la nouveauté, les surfeurs sont à 25 km de là. Ils aiment le vent et un peu moins la foule. Pour les randonnées, c’est aussi entre désert et monts. De belles ballades le long de la lagune et entre les parcs ostréicoles. Un paradis pour les sportifs, au retour ils peuvent prendre une douche soufrée à la lance à incendie des jeunes sahraouis.



Il est temps de laisser la lumière et le vent pour revenir chez les Berbères plus au Nord. Je suis toujours surpris de lire sur les bornes auprès d’Agadir quand je lis Dakhla 1250 km…. à la pointe du bout du monde !




Michel Prieu
Photos Françoise Devillechabrolle

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